Les petites nations au Québec et au Japon: regards et réalités comparés

26 novembre 2021
Antenne CRIDAQ-ULaval
Cette journée d’étude sera bimodale (en présentiel et sur Zoom). Pour vous inscrire (sans frais) et recevoir le lien Zoom (au besoin), rendez-vous sur le site web de l’événement: ftsr.ulaval.ca/petitesnations

Pour toute autre information, contactez Jean-François Laniel: Jean-Francois.Laniel@soc.ulaval.ca


Présentation
La taille des nations revêt un intérêt de connaissance classique, auquel réfléchissaient déjà d’illustres penseurs tels Platon, Aristote, Montesquieu et Rousseau. Il s’agit aussi d’un enjeu contemporain, celui d’un monde globalisé où les grands États-nations font de moins en moins figure de modèles universels. Selon le politologue catalan Joseph M. Colomer, deux tiers de la population mondiale vit aujourd’hui dans une petite nation (2007, p. 19). Elles remettent en question le jeu de la politique internationale (Steinmetz et Wivel, 2010), les opportunités du marché mondial (Van Den Bulcke, Verbeke et Yuan, 2009), les normes démocratiques et étatiques (Keating et Harvey, 2014) et les modèles de nationalisme (Laniel et Thériault, 2020).

Elles posent également des questions épistémologiques et méthodologiques pour les sciences sociales habituées aux perspectives des sociétés de moyennes et grandes tailles. Que voit-on et que vit-on à l’autre bout du regard que les grandes nations projettent sur le monde (Boucher et Thériault, 2005a, p. 3)? Peut-on faire de ce regard autre, de ce regard petit, non hégémonique et fragile, un outil heuristique pour comprendre les enjeux de nos sociétés contemporaines? Comment y réagit-on aux grands processus modernes, par exemple la mondialisation et ses appels à une convergence des cultures? Quelles sont les expressions les plus courantes de la « petitesse », ainsi que ses cas-types historiques et contemporains? Comment y entre-t-on, comment en sort-on, comment le mesure-t-on, politiquement, économiquement, culturellement, religieusement et cognitivement?

Ces questions sont discutées et ces notions sont employées au Québec depuis longtemps, et avec une vitalité renouvelée depuis quelques années. Déjà, François-Xavier Garneau, Lionel Groulx et Fernand Dumont réfléchissaient au Canada français et au Québec comme « petite nation ». Plus récemment, on recense notamment les ouvrages de Gérard Bouchard en études des mythes (2013a,b), Alain-G. Gagnon en études des sociétés plurinationales (2011), Stéphane Paquin (2001, 2016) et Hubert X. Rioux (2020) en économie politique, François Paré (1994a,b) et Isabelle Daunais (2015) en littérature, et Joseph Yvon Thériault (2005, 2020) en sociologie politique, souvent dans une perspective comparée, avec pour vis-à-vis les nations d’Europe centrale et orientale, les États scandinaves, les nations sans États souverains d’Europe de l’Ouest. Parfois même, ce sont des universitaires étrangers qui invitent les chercheurs québécois à concevoir leur société au prisme de la petitesse (Hughes, 1953). Cette fécondité pérenne du prisme d’analyse des petites sociétés invite à en consolider l’objectivation et à en poursuivre la problématisation (Cardinal et Papillon, 2011; Laniel, 2018, 2021).

Si ces questions furent celles d’États-nations occidentaux d’Europe centrale, orientale et du nord, ainsi que celles des nations sans État souverain d’Europe de l’Ouest, elles ne s’y limitent pas. Situées dans le voisinage de la Chine, intégrées à la pointe de la modernité technique et économique, plusieurs nations d’Asie, dont certaines insulaires comme le Japon, partagent les préoccupations des petites nations occidentales, et se cherchent des comparatifs. C’est précisément à l’élargissement inédit de l’aire d’études des petites nations que se consacrera la journée d’étude Les petites nations au Québec et au Japon : regards et réalités comparés. En quoi leur réalité est-elle semblable, et différente? Quels enseignements peut-on tirer de leur comparaison? Quelles conceptions de la modernité et de l’universel peut-on en dégager?

Pour répondre à ces questions, cinq chercheurs québécois discuteront avec cinq chercheurs japonais d’horizons disciplinaires variés dans le cadre du Global Studies Initiative de la University of Tokyo et de son projet de recherche « Revolutionalizing the concept of the “universal” through the experiences of small nations and collectivities », sous la direction du Prof. Kiyonobu Date.

Jean-François Laniel, Université Laval


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