Les Sourds : aux origines d’une identité plurielle
Charles Gaucher et Stéphane Vibert (dir.)
Résumé
Les différences qui émergent des quêtes identitaires contemporaines accentuent, dans un mouvement antagoniste de repli corporatiste et de reconnaissance de la pluralité du social, le sentiment que l’identité moderne se fragmente en une constellation de possibles. L’identité sourde fait partie de cette constellation. Elle découle de conceptions qui dépassent le simple intérêt catégoriel pour faire jaillir une communauté de sens. Ainsi, pour plusieurs personnes se reconnaissant dans cette identité, la condition qui les unit est d’abord articulée à partir d’un attachement collectif à une culture spécifique, et surtout, à une langue qui leur est propre. Bien sûr, ce déplacement du stigmate ne s’effectue pas dans l’oubli des dénominations et des traitements antérieurs concernant la surdité et doit composer avec la sédimentation des représentations sociales ayant investi la surdité comme caractéristique identitaire.
Les Sourds interrogent définitivement les nouvelles formes du lien social mettant en scène des spécificités qui s’expriment comme différences émancipatrices. Un ouvrage de référence en la matière est le bienvenu à une époque où plusieurs penseurs, mais aussi acteurs du monde de l’éducation et de la réadaptation, s’interrogent sur cette différence, mais aussi sur la différence en général comme vecteur d’identification.