La réingénierie de l’État. Vers un appauvrissement de la gouvernance québécoise
Christian Rouillard, Éric Montpetit, Isabelle Fortier et Alain-G. Gagnon
Résumé
Préface de James Iain Gow
Bien que la rhétorique du nouveau gouvernement libéral insiste sur l’idée que la réingénierie de l’État québécois est une question de nature managérielle qui, à ce titre, ne vise que les trois E (efficacité, efficience, économie), toute réforme administrative se traduit par une reconfiguration de l’autonomie et de la capacité étatiques, donc par une redéfinition de la gouvernance. Par-delà les modalités concrètes de mise en oeuvre d’un nouveau cadre de gestion, qui ne saurait réussir sans la complicité des acteurs collectifs de l’administration publique, se pose la question de la redéfinition des relations entre l’État et la société civile. De même, cette ambitieuse révision des structures et des programmes liée à la réingénierie entraîne des conséquences, nombreuses et significatives, quant au fontionnement de la gouvernance québécoise qui repose, entre autres choses, sur la consultationet la délibération. Enfin, dans la mesure où l’exercice contemporain de la citoyenneté ne peut souffrir d’être réduit au seul droit de vote une fois tous les quatre ou cinq ans, le caractère dirigiste de la réingénierie libérale représente une menace réelle pour la démocratie. En ce sens, il y a lieu de se demander si cette réingénierie ne risque pas de se traduire par un appauvrissement, à la fois qualitatif et quantitatif, de la gouvernance québécoise.