ISTOR revista de historia internacional, Quebec : Una historia de 400 años

Sous la direction d’Alain-G. Gagnon

De la Nouvelle-France au Québec contemporain

Introduction

Le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec constitue un événement clé dans l’implantation en Amérique de la « civilisation française ». Les premières traces de cette présence française ont été laissées par les conquérants français qui ont souhaité établir en Amérique des colonies et des postes de traite. Québec a toujours représenté la référence dans ce grand projet qui s’est déployé sur la longue durée tout le long du Saint-Laurent, des Grands Lacs, de la Baie d’Hudson jusqu’aux confins du Mississipi. Ce qui fut tout d’abord désigné sous l’appellation de la Nouvelle-France a pris diverses formes pour se concrétiser tour à tour en tant que Bas-Canada, puis pour revêtir sa forme actuelle, le Québec.

Ce numéro consacré au Québec se décline en trois temps. Dans le segment principal du numéro, nous avons regroupé quatre textes en provenance de trois champs disciplinaires : l’histoire, le droit et la science politique. La première contribution: doc99], celle de l’historien John A. Dickinson, révèle comment dans le contexte de l’empire français, la Nouvelle-France demeure une périphérie qui a du mal à trouver sa véritable mission. Le courant migratoire demeure toujours faible, les Français préférant s’installer aux Antilles. L’État français lui consacre peu de moyens sauf pour la période s’étendant de 1665 à 1672. L’accession d’un Bourbon au trône d’Espagne confère à la colonie un rôle stratégique : celui de contenir les Britanniques à l’est des Appalaches. Devant la croissance démographique significative des Britanniques, la guerre devient incontournable et la Nouvelle-France est vaincue en 1760. Au moment de la signature du Traité de Paris en 1763, la France préfère la Guadeloupe et délaisse ses possessions au Canada.

La deuxième contribution: doc100] revient aussi à un historien. Éric Bédard nous propose un retour sur l’héritage catholique du Québec actuel. Il nous rappelle que les Québécois sont épris de valeurs beaucoup plus libérales que celles qui sont professées par le pape Benoit XVI. Ils ont en partie délaissé les pratiques religieuses, même s’ils continuent d’observer certains rites et se disent malgré tout de foi catholique. De façon habile, Bédard nous invite à saisir les transformations de la société québécoise en mesurant le rôle de l’Église dans son édification. Les élites religieuses d’orientation plutôt traditionnelles ont été tentées de mettre l’accent sur les notions d’autorité, d’harmonie sociale et de quête de salut dans l’au-delà afin de faire progresser le « bon » peuple. Porteur d’une mission, le clergé catholique a souhaité convertir mais il aura aussi contribué, établit-il, à préparer l’arrivée de la modernité en Amérique.

La juriste Eugénie Brouillet: art25] brosse un portrait général de l’évolution du fédéralisme canadien: doc101] au chapitre des relations juridiques entre le gouvernement central (Ottawa) et le gouvernement du Québec en mettant en valeur la dimension identitaire. L’argument présenté confirme une tendance centralisatrice marquée de la part du gouvernement central et établit, à partir d’une étude de la jurisprudence émanant de la Cour suprême du Canada, jusqu’à quel point l’État central canadien nie la spécificité québécoise au sein du pays dont le Québec représente une des nations fondatrices.

La quatrième contribution: doc104], celle du politologue Alain-G. Gagnon: art4], fait le point sur l’évolution du fédéralisme canadien en mettant en valeur les différentes périodes qui se sont succédées depuis la Confédération de 1867. Dans le but d’explorer à fond la dynamique fédérale-provinciale, une étude serrée des rapports de pouvoir entre le gouvernement central et le gouvernement du Québec est proposée en explorant les tendances centralisatrices et décentralisatrices ayant marqué l’histoire constitutionnelle canadienne. Dans le cadre des débats constitutionnels, le constat est fait que le Québec demeure libre de choisir son avenir politique au sein ou non de la fédération canadienne. Le respect des grands principes sous-tendant le constitutionnalisme – soit la continuité historique, le respect mutuel et le consentement – donne au Québec une marge de manœuvre politique significative en reconnaissant la légitimité des revendications identitaires québécoises.

La deuxième tranche du numéro porte essentiellement sur la question identitaire en faisant appel à un texte « recobrado »: doc102] de Hubert Aquin. Ce dernier, décédé en 1977, demeure une figure emblématique du Québec contemporain. Acteur clé dès le début de la Révolution tranquille (1960-1970), il a entre autres contribué à mettre sur pied le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN). On lui doit aussi plusieurs romans dont Prochain épisode (1965), Trou de mémoire (1968) et Neige noire (1974). Le texte retenu pour ce numéro spécial consacré au Québec porte sur « La fatigue culturelle du Canada français ». Les extraits tirés de la revue Liberté (no 23, 1962) sont fort évocateurs. Ce texte constitue selon nous un incontournable de la pensée politique au Québec et mérite une place spéciale parmi les repères identitaires de la nation québécoise.

La troisième tranche du numéro offre quelques recensions d’ouvrages sur le Québec couvant l’histoire politique, les questions constitutionnelles et les rapports Québec-Canada, la politique linguistique, la quête identitaire et l’émergence de projets nationaux concurrents au sein du Canada. Cette tranche est complétée par une chronologie couvrant la période s’échelonnant de la Nouvelle-France jusqu’à nos jours et par une bibliographie d’ouvrages publiés en langue espagnole sur le Québec.

La préparation de ce numéro spécial sur le Québec a bénéficié de l’appui de plusieurs acteurs. Au premier chef, je souhaite remercier Jean Meyer du Centro de Investigacion y Docencia Economica (CIDE) pour son soutien indéfectible. L’aide apportée à l’Université du Québec à Montréal par Eduardo Malpica (candidat à la maîtrise en sociologie) et par Olivier De Champlain (chargé de projets à la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes: http://www.creqc.uqam.ca]) mérite d’être soulignée. Enfin, la contribution de la Délégation du Québec au Mexique et du ministère des Relations internationales du Québec pour leur appui financier au présent projet mérite d’être soulignée.

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