Résumé
Le philosophe Michel Seymour: art7] aborde ici le thème de l’État multinational comme modèle d’organisation politique. S’inscrivant directement dans la foulée des travaux de Charles Taylor, de Will Kymlicka et de John Rawls, il se donne pour objectif de formuler une théorie originale des droits collectifs. Seymour traite particulièrement des minorités nationales au sein de l’État-nation ainsi que des peuples inscrits dans des organisations supranationales. Il réfléchit aux conditions qui pourraient garantir la viabilité de toute forme d’arrangement « plurinational », ce qui inclut autant les États-nations rassemblant des minorités nationales diverses que les États multinationaux et les organisations supranationales rassemblant différents États souverains. Il s’attaque à la « reconnaissance politique » des peuples, qui peut apparaître comme une condition sine qua non pour assurer la viabilité de toute forme d’arrangement plurinational, mais qui peut aussi être admise pour des raisons morales. Il examine en ce sens les arguments récents qui sont favorables ou défavorables à l’octroi de droits collectifs pour les groupes nationaux au sein d’une seule et même entité politique. S’il s’intéresse aux droits collectifs, c’est parce qu’il faut faire appel à de tels droits pour que la reconnaissance politique des peuples puisse prendre forme. De la tolérance à la reconnaissance est une contribution majeure à la philosophie politique des droits collectifs. Michel Seymour accomplit un travail essentiel à la conceptualisation et à la définition de notre place si particulière dans le concert des nations.
Ce livre a remporté le prix du livre 2009 de l’Association canadienne de philosophie et le prix Jean-Charles Falardeau 2010 de la fédération canadienne des sciences humaines.
Entrevue de Michel Seymour aux Publications universitaires, concernant la reconaissance
Écoutez l’entrevue: http://publications-universitaires.qc.ca/balado/2010/2010-01-14_seymour.mp3]
Résumé de l’entrevue
Michel Seymour est professeur au département de philosophie de l’Université de Montréal depuis vingt ans. En 2008, il accouchait du plus gros livre de sa carrière à la suite d’une gestation qui durait depuis de nombreuses années. Dans De la tolérance à la reconnaissance (Boréal 2008), il y fait la synthèse des origines du principe de reconnaissance dans la philosophie occidentale. D’inspiration libérale et fortement compatible avec la conception de l’État multinational d’Alain-G. Gagnon: art4], la théorie générale qu’il met de l’avant souscrit à la reconnaissance des droits collectifs pour les peuples. Le cas de la loi 101 est selon lui un excellent exemple des droits collectifs au sein des États multinationaux.
Dans La Reconnaissance dans tous ses états: art376], un collectif qu’il a dirigé dans la collection Débats chez Québec-Amérique, Seymour précise la portée institutionnelle de la théorie politique qu’il défend : « La reconnaissance n’est pas une attitude psychologique vertueuse permettant de soigner des blessures morales et des sévices infligés à l’identité personnelle. Il s’agit plutôt d’une politique et donc d’un ensemble de mesures institutionnelles qui peuvent dans le meilleur des cas rétablir la personnalité institutionnelle d’une personne ou d’un peuple ». C’est ce qui fait que « La reconnaissance n’a donc pas à être comprise dans un sens purement épistémique de découverte ». Grâce « à un acte de reconnaissance, dit-il, certains traits de l’agent reconnu se voient accorder un statut. Les actes de reconnaissance génèrent des obligations et des responsabilités, mais ils sont en même temps des réactions à des faits préexistants ».
Pour Seymour, la reconnaissance et les droits collectifs est la seule voie possible pour remédier aux tensions qui existent entre les peuples, surtout lorsqu’il existe des rapports asymétriques entre majorités et minorités, au sein d’un État. Conséquemment, son adhésion aux droits collectifs et à la reconnaissance des peuples a fait en sorte qu’il a sévèrement critiqué le refus du gouvernement du Canada de ratifier la Déclaration des droits des peuples autochtones à l’ONU en 2007.
Michel Seymour a accepté l’invitation des Publications universitaires: http://www.publications-universitaires.qc.ca/] et s’est déplacé aux studios de CHOQ FM pour répondre à nos questions à propos de ses deux derniers livres.