Citoyens, piété et démocratie. Réflexions sur l’occultation des corps croyants, l’intimité et le droit au secret
Résumé
Ce texte propose, à partir d’un terrain en cours en France et au Québec auprès de femmes musulmanes qui cessent de porter le foulard, de réfléchir en deux temps à une énigme : qu’accomplit la disparition d’un indicateur d’appartenance religieuse (ici le port du foulard) ? Une première partie revient sur la forme prise par la discussion sur la piété et les convictions croyantes de concitoyennes musulmanes visibles. Une seconde partie examine ce que les contraintes imposées par l’articulation complexe entre l’injonction à l’invisibilité et l’obligation de transparence, qui s’impose comme vertu principale de l’acteur politique (gouverné ou gouvernant), font peser sur les croyantes d’une minorité religieuse. Comment et à quelles conditions peuvent-elles « prendre place » dans l’espace public (Joseph, 1995) de sociétés sécularisées ? Pour conclure, le texte propose de réfléchir à la place du secret, à son impossibilité comme à sa nécessité, pour penser la place des citoyennes pieuses dans les espaces démocratiques et les sociétés sécularisées.
Amiraux, V. (2018). « Citoyens, piété et démocratie : réflexions sur le droit au secret comme condition de la vie politique », Social Compass, vol. 65, no 2, p. 168-186.