Mythes territoriaux: Sécurité ontologique dans l’Union européenne

16 mars 2016
Antenne CRIDAQ-UQAM

Dans le cadre de l’atelier Essor et ressorts de l’Union européenne/Building the European Union, le professeur Vincent Della Sala, prononcera, le 16 mars à compter de 15h au Salon orange du Centre Pierre-Péladeau, une grande conférence publique intitulée: Mythes territoriaux: Sécurité ontologique dans l’Union européenne.

L’entrée est gratuite et un vin d’honneur suivra la conférence.

Résumé:

La récente crise des migrants en Europe a suscité un débat autour des notions de frontière et de territoire dans l’Union européenne (UE). Ce débat nous a aussi permis de nous interroger sur ce à quoi renvoie l’UE (un territoire ou une patrie) et de quelle façon. Toutes les nations construisent le récit de leur patrie ou de leurs frontières. C’est cette trame narrative sacrée qui établit formellement à la fois pourquoi la communauté politique s’est formée, tout en esquissant les contours possibles d’un avenir partagé. Il s’agit invariablement d’un mythe politique dont l’objectif premier n’est pas de refléter le réel, mais plutôt de fournir des repères cognitifs et normatifs à une nation quant à sa façon de se constituer et de se gouverner. L’exposé soutient que cette trame narrative sacrée de la patrie fait partie intégrante de l’évolution de l’Union européenne. Plusieurs ont prétendu que l’UE s’était abstenue de recourir aux « grands récits » de la nation et de l’État parce que ces concepts ou catégories traditionnelles ne convenait pas à ce qu’elle était. Cet énoncé est erroné. En dépit de sa nature spécifique, l’UE a bel et bien fait usage des récits traditionnels de l’État et de la nation pour s’assurer à la fois d’une légitimité politique et d’une certaine sécurité ontologique.

L’exposé entend en effet démontrer que l’on trouve dans le mythe territorial propre à l’UE des contenus analogues à ce que l’on retrouve dans les mythes qui forgent la mémoire collective au niveau national. Cependant, le succès du mythe territorial de l’UE n’est que partiel puisque des formes narratives essentielles lui font présentement défaut, empêchant ainsi sa diffusion à grande échelle. Les mythes territoriaux n’ont pas pour unique fonction d’établir des frontières, ils servent aussi à définir des communautés. Tant et aussi longtemps qu’ils demeureront mal définis, les mythes territoriaux ne contribueront que de façon limitée à la création d’une mémoire collective pour l’UE.

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