Étudier la religion au Québec : regards d’ici et d’ailleurs
30 novembre, 1er et 2 décembre 2017
D-R200, Pavillon Athanase-David
Université du Québec à Montréal
Au Québec comme ailleurs, la religion est revenue au centre de l’actualité politique et au coeur des débats scientifiques. Qu’il s’agisse de la pluralisation ethnoreligieuse des sociétés, de la diversification postmoderne des expressions du croire, du renouvellement des demandes éthiques, de la republicisation des religions et des églises, de la poussée du populisme religieux ou plus largement de la mise en cause du paradigme moderniste de la sécularisation, les raisons ne manquent plus d’étudier la religion en société – s’il en fut jamais autrement.
Parmi les sociétés disponibles au regard du chercheur, le Québec constitue depuis peu un cas d’étude privilégié dans l’étude de la religion. Il trouve de plus en plus place dans les travaux comparatifs (p. ex. Lefebvre, Béraud & Meunier, 2015; Mercier & Warren, 2016), tandis que de récents ouvrages canadiens et internationaux lui sont en grande partie sinon en tout consacrés (p. ex. Bibby, 2016; Zubrzycki, 2016; Baubérot, 2008). Divers facteurs peuvent contribuer à expliquer cette popularité pour l’étude de la religion sise au Québec: à l’évidence, le Québec est traversé par une pluralité d’enjeux communs aux sociétés modernes avancées – sécularisation, pluralisme religieux, État de droit laïc, exculturation et internationalisation du catholicisme –, ce qui en justifie l’étude et la comparaison; de plus, le Québec se situe à la croisée de multiples aires géographiques et culturelles – transatlantique, nord-américaine, francophone, catholique, anglophone – ce qui facilite la diffusion et la comparaison à même divers champs et réseaux d’étude, tout en multipliant les variables disponibles; davantage encore, le Québec présente nombre de traits sociétaux distinctifs – sécularisation tardive et poussée, catholicisme culturel, petite société, cadre fédéral plurinational –, ce qui enrichit la comparaison et l’ouvre vers d’autres horizons; enfin, l’institutionnalisation de l’étude de la religion a atteint un niveau de maturité tel au Québec qu’il en accroît la visibilité et la pertinence (Warren, 2014; Meunier, 2015). À plus d’un titre, pour de nombreux spécialistes, le Québec fait figure de laboratoire du religieux et des religions en modernité avancée.